La semaine dernière, j'ai remis ce travail dans un cours de langue et société à l'UQAT. Je trouvais pertinent de l'inclure sur mon blogue puisque l'immigration au Québec est un enjeu actuel préoccupant dans toutes les écoles de la province. Peut-être aurez-vous des trucs à me donner lorsque j'aurai à gérer, dans un futur assez rapproché, des classes multiethniques à l'intérieur desquelles le niveau du français de mes étudiants sera inégal?
La
question de l’immigration au Québec est un enjeu important qui se hisse très
haut sur l’échelle des préoccupations éducationnelles. Immigration et diversité à l’école (2001) est l’œuvre de madame
Marie McAndrew, professeure titulaire de l’Université de Montréal. Il s’agit
d’une étude comparative qui examine de façon critique le cas de l’interculturalisme et de l’intégration
des immigrants dans les établissements d’enseignement québécois et
internationaux. Ce travail présentera, premièrement, le résumé du premier
chapitre de l’œuvre traitant de la pertinence de différents types d’intégration
scolaire des immigrants. Finalement, un point de vue critique faisant un
parallèle entre ces modèles et la profession enseignante sera articulé.
Tout
d’abord, un peu avant les années 1970, la communauté francophone prend en
charge l’immigration dans un souci de protection de la langue française. Les
immigrants sont placés dans des classes fermées d’enseignement de la langue
d’accueil pour une période de dix mois avant d’intégrer le cheminement
régulier. Cependant, les enseignants réguliers revendiquent un séjour plus long
des immigrants en classe fermées par manque de préparation. Aujourd’hui,
généralement, le séjour préparatoire est un peu plus long. De plus en plus, lorsque
les immigrants intègrent les classes régulières, ces derniers bénéficient d’un
soutien linguistique avec un spécialiste en se retirant périodiquement du
groupe.
La
recherche sur le cas de l’immigration au Québec montre que les jeunes qui
intègrent les classes régulières avant le secondaire ont des résultats
scolaires satisfaisants. Cependant, les immigrants arrivés en province au cours
de leur secondaire constituent une clientèle dite plus lourde qui vit généralement plus de difficultés à l’école :
ils étaient, en majorité, sous-scolarisés dans leur langue d’origine et la
situation socioéconomique de leur famille est souvent en dessous de la moyenne.
L’auteure fait également l’état d’un dilemme lié à l’allongement des classes
d’accueil. En effet, il semblerait que les jeunes issus de minorités visibles
développent un sentiment d’exclusion dans les classes fermées. Elle adopte le
point de vue du gouvernement qui croit bon de les insérer plus rapidement au
cheminement régulier afin d’assurer leur socialisation et leur apprentissage du
français. De leur côté, les enseignants voient leur tâche alourdie à devoir
gérer le retard manifeste des immigrants insuffisamment préparés.
Dans
ce chapitre, l’auteure décrit différents modèles d’insertion des immigrants
dans les systèmes scolaires de Grande-Bretagne, du Canada anglais, de la France
et des États-Unis, espérant trouver des pistes de solutions pour le Québec.
Chaque société fait apprendre sa langue locale aux immigrants à des fins
différentes. La Grande-Bretagne et le Canada anglais, par exemple, souhaitent
que les minorités visibles maîtrisent l’anglais, contrairement aux États-Unis
qui désirent que les communautés immigrantes en face un simple apprentissage. La
France, de son côté, désire enrayer les problèmes de marginalisation sociale et
scolaire des immigrants. La Grande-Bretagne et le Canada anglais choisissent
donc un modèle d’intégration directe en classe régulière avec retrait
périodique pour du soutien linguistique. Aux États-Unis, plusieurs modèles
s’imposent : l’éducation bilingue transitoire et, pour les contestataires
de cette formule, l’intégration périodique en classe régulière ou les classes
fermées. En France, le modèle de classe d’accueil fermée domine avec une variante
tolérée au primaire : idéalement, les classes ont un ratio enseignant/élèves
réduit. Finalement, la Grande-Bretagne et la France excluent la langue
d’origine des immigrants de leur cheminement scolaire. Pour les États-Unis et
le Canada anglais, la langue d’origine accompagne les jeunes immigrants jusqu’à
un certain point dans leur scolarisation.
Il
est possible, nous dit l’auteure, de retenir quelques pratiques qui semblent plus
efficaces que les autres pour l’intégration linguistique des immigrants. Il
importe de se concentrer sur les pratiques pédagogiques concrètes. Ainsi, la
reconnaissance de la langue d’origine des immigrants, leur intégration directe au
cheminement régulier, la communication avec les parents immigrants, une
équipe-école unifiée par une vision commune de l’intégration et le leadership
clair des directions d’écoles semblent être des conditions idéales au
cheminement des minorités visibles en société d’accueil.
Cependant,
McAndrew remarque que les pratiques d’intégration d’autres pays ne conviennent
pas toujours à notre situation. Pour le Québec, faire preuve d’une variété et d’une
flexibilité dans le modèle de classes fermées serait à privilégier. L’idéal,
croit l’auteure, serait que diverses structures d’intégrations expérimentales
soient mises sur pied et qu’une évaluation en soit faite pour espérer adopter
un ou des modèles adéquats. En effet, les québécois manquent beaucoup
d’ouverture quant à l’approche de l’insertion progressive des immigrants en
classes régulières, et cela, même si les effets de cette approche ont été assez
positifs dans d’autres sociétés où la situation de la langue locale était bien
plus menacée que celle du français au Québec. Selon l’auteure, peut-être qu’il
serait préférable de tempérer cette attitude défensive. En effet, cette crainte
collective quant aux mouvements migratoires de plus en plus présents dans nos
écoles pourrait venir de l’étanchéité des frontières entre les générations. Les
jeunes du Québec sont une microsociété déjà plus multiethnique que le corps
enseignant. Les mentalités collectives ont des chances, pense l’auteur, de se
modifier pour le mieux lorsque les générations se chevaucheront et que la
population québécoise sera devenue plus hétérogène qu’elle ne l’est
aujourd’hui. Quoi qu’il en soit, « la responsabilité collective
linguistique des nouveaux arrivants et la nécessité d’un lien étroit entre les
services spécifiques et la classe régulière s’imposent comme des principes
fondamentaux » (McAndrew, 2001, p.44). Leur pertinence a été confirmée
dans un rapport réalisé par le National
Research Concil en 1997 à partir d’une méta-analyse de trente ans de
recherches.
En
conclusion, l’apprentissage de la langue seconde doit se faire en intégrant les
immigrants au cheminement régulier pour une meilleure assimilation de la
langue, une meilleure intégration sociale et un meilleur apprentissage de la
culture québécoise. Les mettre en marge dans des classes fermées revient à les
exclure de la société de laquelle ils font autant partie que les natifs québécois.
Un changement des mentalités collectives doit s’opérer. Si les immigrants respectent
la culture québécoise et qu’ils veulent bien se soumettre à nos coutumes et à notre
mode de vie, la formule vivre et laisser
vivre s’impose.
Justine
Ta dernière citation "vivre et laisser vivre" amène toutes sortes de débats récemment quant on pense aux immigrants: "Qui doit respecter la culture de l'autre, l'arrivant ou le québécois?
RépondreSupprimerDu point de vue strictement pédagogique, on apprend qu'il faut favoriser, parmi les conditions favorables, l'intégration en classe régulière, pour un apprentissage d'une langue nouvelle.
Sujet de réflexion très intéresant.
Effectivement, les jeunes doivent être, je crois, immergé dans la culture, la langue, le mode de vie, les habitudes, les intérêts, les croyances et bien plus de la société d'accueil pour favoriser leur apprentissage. Malheureusement, cela alourdit beaucoup nos pratiques enseignantes. En effet, ces élèves méritent une attention particulière et le professeur seul peut avoir de la difficulté à gérer ses élèves en plus de tenir les immigrants de ses classes par la main. Ça me fait un peu peur... L'enseignement est un métier tellement exigeant sans que des élèves étrangers ne viennent s'insérer dans les classes. Mais je suis tellement consciente de l'importance de leur intégration, pas juste sur leur développement personnel, mais aussi pour le bien de tout le Québec. Nous verrons comment je me débrouille avec cette situation plus tard, je suis incapable de faire de prédictions pour le moment. Je vais faire de mon mieux, c'est tout ce que je peux me promettre.
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